Recherchez un film ou une personnalité :
FacebookConnexionInscription
Pier Paolo Pasolini est un Acteur, Réalisateur, Scénariste, Monteur, Son et Superviseur du directeur technique Italien né le 5 mars 1922 à Bologne (Italie)

Pier Paolo Pasolini

Pier Paolo Pasolini
Si vous aimez cette personne, faites-le savoir !
Nationalité Italie
Naissance 5 mars 1922 à Bologne (Italie)
Mort 2 novembre 1975 (à 53 ans) à Rome (Italie)

Pier Paolo Pasolini [ˈpjɛr ˈpaːolo pazoˈliːni] est un écrivain, poète, journaliste, scénariste et réalisateur italien, né le 5 mars 1922 à Bologne, et assassiné dans la nuit du 1er au 2 novembre 1975, sur la plage d'Ostie, près de Rome.

Son œuvre artistique et intellectuelle, éclectique et politiquement engagée, a marqué la critique. Connu notamment pour son engagement à gauche, mais se situant toujours en dehors des institutions et des partis, il observe en profondeur les transformations de la société italienne de l'après-guerre, et ce, jusqu'à sa mort en 1975. Son œuvre suscite souvent de fortes polémiques (comme pour son dernier film, Salò ou les 120 Journées de Sodome, sorti en salles l'année même de sa mort), et provoque des débats par la radicalité des idées qu'il y exprime. Il se montre très critique, en effet, envers la bourgeoisie et la société consumériste italiennes alors émergente, et prend aussi très tôt ses distances avec l'esprit contestataire de 1968.

Avec plus de quatorze prix et neuf nominations, l'art cinématographique de Pasolini s'impose, dès 1961 avec notamment L'Évangile selon saint Matthieu, puis avec Les Contes de Canterbury.

Biographie

Enfance et jeunesse

Premier-né des enfants de Carlo Alberto et Susanna Colussi, Pier Paolo naît à Bologne le 5 mars 1922. En 1923, la famille, qui habite alors la ville de Parme, suivant les affectations du père militaire, déménage à Conegliano, puis à Belluno, où Guido son frère naît, en 1925.

En 1927, Pasolini et sa famille reviennent à Conegliano, Pier Paolo y est inscrit à l'école primaire avant ses six ans. L'année suivante, ils déménagent à Casarsa della Delizia, le village d'origine de sa mère, à cause de l'arrestation du père pour dettes de jeu ; sa mère reprend alors son métier d'institutrice pour faire face aux difficultés financières que leur nouvelle situation impose. La détention du père prend fin, et les déménagements reprennent de manière annuelle. Pier Paolo passe ses étés à Casarsa, « vieux bourg… gris et immergé dans la plus profonde pénombre de la pluie, tout juste peuplé d'antiques figures de fermiers et rythmé par l'intemporel son de la cloche ».

En 1929, la famille déménage à Sacile, toujours en raison du travail du père, et cette année-là le jeune Pier Paolo se passionne pour le dessin et la poésie, ses sujets sont les spectacles de la nature qu'il observe à Casarsa. Après un bref séjour à Idrija, aujourd'hui en Slovénie, la famille retourne à Sacile, où Pier Paolo passe l'examen d'admission au collège, et il commence sa première année à Conegliano. Le père est muté à Crémone au milieu de l'année scolaire 1932-1933, la famille y reste jusqu'en 1935 et déménage encore à Scandiano, ce qui engendre d'inévitables problèmes d'adaptation. Le jeune Pier Paolo élargit l'étendue de ses lectures poétiques, cultive sa passion pour la littérature, et perd peu à peu son initiale ferveur religieuse.

Au collège de Reggio d'Émilie, il rencontre son premier véritable ami, Luciano Serra, qu'il retrouve l'année suivante au lycée Galvani de Bologne : « Belle et douce Bologne ! J'y ai passé sept ans, peut-être les plus beaux… ». Pier Paolo cultive alors de nouvelles passions, dont le football, et alimente sa passion de la lecture, en achetant aux bouquinistes du des livres d'occasion de Dostoïevski, de Tolstoï, de Shakespeare, de poètes romantiques, Coleridge ou Novalis.

Au Lycée Galvani, il se fait d'autres amis, dont Ermes Parini, Franco Farolfi et Elio Meli, et crée avec eux un groupe de discussion littéraire, tout en poursuivant de brillantes études : il obtient d'excellentes notes, et en 1939, elles sont même si bonnes qu'elles lui permettent de sauter une classe et de passer le bac en automne de la même année. À seulement dix-sept ans, il s'inscrit à la faculté des lettres de l'université de Bologne et se découvre de nouvelles passions, la philologie romane et surtout l'esthétique des arts figuratifs.

Il fréquente le ciné-club, où un cycle des films de René Clair le passionne, se consacre au sport et devient capitaine de l'équipe de football de la faculté des lettres, fait des balades à vélo avec ses amis, participe aux sorties estivales en camping organisées par l'université. Il rencontre souvent ses amis — le groupe se décrit « viril et guerrier » — non seulement dans les salles de l'université, mais aussi dans d'autres lieux créés par le régime fasciste pour la jeunesse, dont le Gruppo Universitario Fascista (ou GUF), les campings de la , et les joutes culturelles organisées dans la région. À cette période, il lit les d'Eugenio Montale, les œuvres d'Ungaretti et des traductions en italien des poésies lyriques grecques, par Salvatore Quasimodo ; outre la poésie, il lit tout ce qu'il peut trouver, traduit en italien, de Freud.



Comme chaque année, la famille Pasolini passe l'été 1941 à Casarsa, Pier Paolo écrit des poèmes qu'il envoie dans ses lettres à ses amis bolognais, à son ami Serra, à Francesco Leonetti et Roberto Roversi. Ces vers expriment un fort esprit de solidarité :


« L'unité spirituelle et notre manière unitaire de sentir sont très importants, nous formons déjà un groupe, et presque une nouvelle poésie ; du moins, c'est ce que je pense. »

Les quatre jeunes gens songent à fonder un magazine (ou « Héritiers »), que Pasolini souhaite imprégner d'un programme social : « Devant Eredi nous devrons être quatre, mais par pureté un seul ». Pourtant, le magazine ne voit jamais le jour à cause des restrictions gouvernementales sur la consommation de papier, mais l'été 1941 reste gravé pour toujours dans la mémoire des quatre amis. C'est à cette époque que Pasolini commence à écrire des dialogues en frioulan, même si les poésies envoyées à ses amis sont tout de même écrites en italien.


Premières expériences littéraires

De retour de Casarsa au début de l'automne, il se rend compte à quel point le frioulan lui tient à cœur. Des derniers mois de 1941 aux premiers de 1942, il écrit des vers rassemblés dans Poesie a Casarsa, un petit livre qu'il publie à compte d'auteur et que commentent Gianfranco Contini, Alfonso Gatto et le critique Antonio Russi.

Il reprend ensuite sa vie culturelle mouvementée à Bologne, à l'université surtout, et, à la suite des bonnes critiques de Francesco Arcangeli sur ses peintures, il envisage d'écrire une thèse sur l'art italien contemporain avec Roberto Longhi, un professeur d'histoire de l'art, qui lui fait découvrir les peintres Masolino, Masaccio, Piero della Francesca et Le Caravage, ce qu'il apparente immédiatement au cinéma. Pasolini n'écrit que les premiers chapitres de sa thèse avant de renoncer et de passer à une nouvelle, plus motivante pour lui, sur la poésie de Giovanni Pascoli. Le manuscrit de sa thèse sur l'art est perdu le 8 octobre 1943.

Pasolini rejoint la Gioventù Italiana del Littorio (ou GIL), une organisation de jeunesse créée par le régime, qui publie , un magazine culturel dont il devient rapidement le rédacteur en chef. Mais, assez vite en conflit avec le directeur de la publication fidèle à la rhétorique du régime, Pier Paolo ne publie que sept numéros du magazine, cette expérience marque néanmoins le jeune Pasolini de manière positive, lui montrant la nature régressive et provinciale du fascisme, elle le pousse à devenir antifasciste.

La même année, il visite l'Allemagne nazie au cours d'un voyage organisé pour favoriser la rencontre des jeunesses universitaires des deux pays alliés. Il s'y initie alors à la culture européenne qui lui était jusqu'alors inconnue. À son retour de voyage il publie, dans la revue du GUF, l'article (« Culture italienne et culture européenne à Weimar ») qui, échappant à la censure, annonce déjà le Pasolini « corsaire » et rebelle. Dans le , il trace les principes d'un programme culturel dont les piliers sont l'effort de conscience de soi, le travail intérieur, individuel et collectif, et la sensibilité critique.


La guerre
À la fin de l'année 1942, la famille décide de se réfugier dans le Frioul, à Casarsa, réputé plus tranquille et sûr, pour y attendre la fin de la Seconde Guerre mondiale. C'est là qu'en 1943, le jeune Pier Paolo commence à comprendre les peurs érotiques qu'il avait auparavant essayé d'éloigner : « Un constant malaise sans images et sans paroles qui bat à mes tempes et m'aveugle ». Il maintient le contact épistolaire avec ses amis, auxquels il décide de ne plus rien cacher :« Je veux être au Tagliamento, y lancer mes gestes l'un après l'autre dans la lumineuse cavité du paysage. Le Tagliamento est très large. Un énorme torrent rocheux, candide comme un squelette. Nous y sommes arrivés hier à vélo, jeune indigène, avec un indigène plus jeune prénommé Bruno… »

La veille de l'Armistice du 8 septembre, il est appelé sous les drapeaux. Contraint de s'enrôler à Livourne en 1943, le lendemain de l'armistice, il refuse de rendre ses armes aux Allemands, et part se réfugier à Casarsa déguisé en paysan. Là-bas, il forme, avec quelques autres jeunes passionnés de poésie, un groupe culturel qui revendique l'usage du frioulan de Casarsa contre l'hégémonie de celui d'Udine. Le nouveau groupe décide de publier un magazine qui parlerait à son public tout en faisant la promotion de la poésie. Le premier numéro du magazine sort en mai 1944 sous le titre, en frioulan, Stroligùt di cà da l'aga (« Lunaire, de ce côté de l'eau »).



Pendant ce temps, la tranquillité de Casarsa est mise à mal par les bombardements et par les raids des fascistes qui pratiquent l'enrôlement forcé dans les nouvelles forces armées de la République de Salò, ce qui provoque les premiers groupes de résistants. Pier Paolo essaie de se distraire le plus possible, se consacre à ses études et à sa poésie ; entre-temps, il ouvre un cours chez lui, pour les lycéens qui ne peuvent plus rejoindre leurs écoles à Pordenone ou le collège d'Udine. En octobre 1944, Pasolini et sa mère déménagent à Versuta, plus tranquille et plus éloigné des cibles militaires, son jeune frère Guido rejoint les résistants de la Carnia. Les enfants du village doivent désormais parcourir plus d'un kilomètre pour aller à l'école, car il n'y en a pas dans leur village, aussi Susanna et Pier Paolo décident d'en ouvrir une, gratuite, dans leur domicile, de la même manière qu'à Casarsa.

Au cours de cette période le jeune Pasolini vit son premier véritable amour pour l'un des étudiants les plus âgés, au sujet duquel il écrit : « Dans ces membres brillait une ingénuité, une grâce… ou l'ombre d'une race perdue qui se réaffirme dans l'adolescence ». En même temps, Pina Kalč, une jeune violoniste slovène qui s'est réfugiée avec sa famille chez les Pasolini, tombe amoureuse de lui. L'amour de Pier Paolo pour le jeune homme et l'amour de Pina pour Pier Paolo s'entremêlent, compliquant douloureusement les derniers et longs mois de la guerre.

Le 7 février 1945 a lieu, le massacre de Porzûs, en Frioul-Vénétie julienne, : une milice de partisans pro-communistes massacre la Brigade Osoppo, un groupe de partisans modérés qui s'oppose aux visées yougoslaves sur le Frioul. Et parmi les victimes se trouve le frère de Pasolini, Guido. Cette nouvelle n'arrive à Casarsa que quelques semaines après la fin de la guerre, plongeant Pier Paolo et sa mère dans le désespoir. Les cours continuent néanmoins dans la petite école à Versuta, où Pier Paolo est considéré comme un véritable professeur.

Le 18 février de la même année l’Academiuta di lenga furlana rassemble un petit groupe de poètes novateurs, qui, sur la base des expériences de Pasolini, fondent les principes du félibrisme régional : « Frioulanité absolue, tradition romane, influence des littératures contemporaines, liberté, fantaisie ».

En août, le premier numéro de est publié, avec une numérotation différente pour le distinguer du précédent Stroligùt di cà da l’aga. Pasolini commence en même temps la série des en vers italiens publiés à compte d'auteur dans un petit volume, et qui seront publiés en 1946. La même année, il rejoint l’ (L’association pour l’autonomie du Frioul), et après le retour de son père, prisonnier des Anglais, au Kenya, Pasolini soutient avec succès sa thèse, l’. Par ce diplôme, le rôle de Pasolini en tant que directeur-enseignant de l’école, qui était fortement contesté par le ministère de l’éducation, est reconnu officiellement.


L'après-guerre

En 1946 Pasolini publie , un petit recueil de poèmes écrits en 1945, aux , et deux poèmes choisis et commentés par Montale dans le magazine florentin . Isolé à Versuta — la maison à Casarsa ayant été détruite par les bombardements — Pasolini essaie de reconstruire ses liens avec le monde littéraire. Il écrit à Gianfranco Contini pour lui présenter le projet de transformation de de simple folio en vrai magazine. Tout de suite après la visite à Versuta de Silvana Mauri, la sœur d'un de ses amis, qui est amoureuse de lui, il la suit en août à Macugnaga, où réside la famille Mauri, et profitant de l'occasion, passe voir Contini à Domodossola.

À Lugano où devait être décerné le prix , Contini, alors membre du jury, sollicite son jeune ami afin qu'il lui envoie le texte qu'il lui avait montré, , avec la seconde partie de . L'opérette ne reçoit qu'une mention spéciale, mais réussit à sortir Pasolini de son isolement, et grâce au climat plus détendu de l'après-guerre, il recommence à sortir avec les jeunes hommes de Versuta. Il se rend à Rome en octobre, il fait la connaissance de quelques écrivains qui l'invitent à collaborer au journal , et en mai il rédige les premières pages d'un journal intime, les (« Cahiers rouges »), car écrits dans des cahiers d'écoliers à la couverture rouge. Il complète le drame et publie, une nouvelle fois aux , un recueil de poésies, toujours en italien, appelé (« Les pleurs »).

Le 26 janvier 1947, Pasolini écrit une déclaration dans le journal udinois qui fait parler de lui dans les milieux communistes, qui démentent son inscription au Parti communiste italien (PCI) : « Nous sommes, pour notre part, convaincus que seul le communisme est en mesure de fournir une nouvelle vraie culture, une culture qui sera morale, l'interprétation de l'existence entière ». Après la guerre, Pasolini, qui hésite longtemps entre les deux camps, observe les nouvelles exigences de justice nées des rapports entre les chefs et les plus démunis et n'a plus de doute quant au côté pour lequel il doit prendre parti. Il cherche alors à consolider une première ébauche de doctrine par la lecture de Karl Marx et surtout des premiers livres d'Antonio Gramsci. Il écrit à son amie, la poétesse Giovanna Bemporad : « L'autre est toujours infiniment moins important que le moi, mais ce sont les autres qui font l'histoire ».
Et c'est en pensant aux autres qu'il prend la décision d'adhérer au Parti Communiste Italien.

Pasolini souhaite prolonger sa collaboration avec le magazine de l' et avec les littératures néo-latines ; grâce à Contini il fait la connaissance du poète catalan en exil, Carles Cardó. C'est à Contini qu'il envoie les recueils complets de ses poésies en frioulan, encore sous le titre de , peu après changés en . Il ne réussit pourtant pas à les faire publier ; malgré cela, il se sent heureux et écrit à ses amis : « Je suis serein et même, en proie à une avide et dionysiaque allégresse ».

Vers la fin de 1948, il commence à enseigner la littérature à l'école de Valvasone, qu'il rejoint tous les matins à bicyclette. Il continue son activité au sein du PCI, participant, en janvier, à la manifestation organisée à San Vito par la Camera del lavoro pour obtenir l'application du projet de loi Lodo De Gasperi. C'est à cette occasion que, observant les conflits avec la police et parlant avec les jeunes, il imagine un projet de roman sur ce monde bouleversé. Le premier titre du roman est . Toujours au sein du PCI, en février 1949 il participe au premier congrès de la de Pordenone, et en mai de la même année il part pour Paris assister au Congrès mondial des partisans de la paix. En octobre, il est accusé de détournement de mineur et d'actes obscènes en public ; ses adversaires politiques se réjouissent du scandale et lui reprochent son homosexualité, tandis que les dirigeants du PCI d'Udine décident de l'exclure du parti. L'exercice de l'enseignement lui est également interdit.

S'ensuivent deux mois difficiles pour Pasolini, qui, en janvier 1950, se réfugie dans la banlieue de Rome avec sa mère. Il peine à trouver du travail. Pendant qu'il cherche à donner des cours privés, il s'inscrit au syndicat de Cinecittà et se propose comme relecteur d'un journal. Il réussit à placer quelques articles dans quelques journaux catholiques, et continue à écrire les romans qu'il a entamés au Frioul : , , . Il commence à écrire ce qui deviendra (Les ) ainsi que quelques œuvres romaines, dont , , qui sont publiées dans le recueil . C'est grâce à son nouvel ami Sandro Penna, dont il est inséparable et avec qui il se promène la nuit le long du Tibre, qu'il fait la connaissance du jeune plâtrier Sergio Citti, qui lui apprend l'argot et le dialecte romains, devenant, comme le dit Pasolini, son « dictionnaire vivant ». Il compose dans cette période les poésies qui sont réunies dans le , publié en 1960 par Vanni Scheiwiller. Il est embauché comme enseignant à une école de Ciampino encore non reconnue. Pendant l'été il publie son conte dans la revue , qui devint un chapitre de , ainsi que le court poème , qui ouvre et d'autres contes romains. À cette époque il fait la connaissance de Giorgio Caproni, Carlo Emilio Gadda et retrouve Attilio Bertolucci, élève, comme lui, de Longhi à Bologne, grâce auquel il signe son premier contrat éditorial pour son , qui sort en décembre 1952 avec un commentaire d'Eugenio Montale.

En 1953, il commence à réunir une anthologie de poésie populaire pour les éditions Guanda de son ami Bertolucci, elle parait en 1955 sous le titre . Entre-temps, il publie le premier volume de vers frioulans, . En octobre de la même année, il écrit dans la revue une autre anticipation du futur , que Bertolucci montre à Livio Garzanti, qui publie ensuite le roman.


Premières expériences cinématographiques et publications littéraires
Son premier travail dans le domaine du cinéma concerne l'écriture (en mars 1954), avec son ami Giorgio Bassani, du scénario de La Fille du fleuve, mis en image par Mario Soldati. , son livre de poésie en frioulan , est publié en juin de la même année, dédié à Gianfranco Contini, il gagne le prix Carducci à égalité avec Paolo Volponi. Vittorio Sereni lui propose de publier un recueil de poésie pour la série de livres de la maison d'édition La Meridiana dont il est l'éditeur avec Sergio Solmi. Ce recueil sort en janvier 1955 sous le titre , qui est ensuite mêlé à son œuvre .

Le 13 avril 1955, Pasolini envoie le manuscrit complet de Les Ragazzi à la maison d'édition Garzanti . Le roman sort la même année, mais le thème choisi, celui de la prostitution masculine, lui vaut des accusations d'obscénité. Les interventions des critiques, parmi lesquels Emilio Cecchi, Alberto Asor Rosa et Carlo Salinari, sont féroces et le livre est écarté des prix Strega et Viareggio. Néanmoins, le roman est un grand succès auprès du public, lui valant le prix Colombi-Gudotti décerné par un jury présidé par Giuseppe de Robertis, à Parme. Entre-temps, la magistrature de Milan reçoit une plainte contre le livre, pour « caractère pornographique ».

Le 28 octobre 1955, son vieil ami, Francesco Leonetti, lui écrit en lui disant qu'il est temps de créer une nouvelle revue. Il annonce ce que sera peu après , magazine dans la mouvance du précédent . Le projet du magazine, lancé par Leonetti et Roberto Roversi, est formulé cette année-là au cours de plusieurs rendez-vous que Pasolini ne rate jamais.

En cette même année 1955 sort son anthologie de la poésie populaire, , avec une dédicace à son frère cadet Guido. En juillet, Pasolini se rend à Ortisei, avec Giorgio Bassani, pour travailler sur le scénario d'un film réalisé par Luis Trenker. C'est la période où commencent à se développer d'autres passions que sont le cinéma et la littérature. Pasolini écrit ainsi à Contini : « J'avance parallèlement sur deux voies, j'espère vers de nouvelles gares. Je ne suis pas horrifié comme le seraient les littéraires médiocres ici, à Rome : je ressens un peu d'héroïsme ».


Polémiques et dénonciations
Pendant ce temps, la polémique suscitée par la critique de Les continue. Pasolini publie, dans le numéro d'avril 1956 d’, un article contre Salinari et Trombatore, qui écrivent pour le .

En juillet se tient, à Milan, le procès contre Les , qui se conclut avec un acquittement, en grande partie grâce au témoignage de Carlo Bo. Ce dernier déclare que le livre est riche en valeurs religieuses « parce qu'il encourage la piété parmi les plus pauvres et démunis » et qu'il ne contient rien d'obscène parce que « les dialogues sont des dialogues de jeunes, et l'auteur sentait la nécessité de les représenter en tant que tels ».


Cinéaste et écrivain
Au mois d'août 1956 il coécrit le scénario du film de Mauro Bolognini, Marisa la civetta ; en même temps, il collabore avec le réalisateur italien Federico Fellini sur Les Nuits de Cabiria.

Alternant son travail de cinéaste avec celui d'écrivain, il écrit, pendant cette période, des critiques dans l'hebdomadaire Il Punto ; la première porte sur La Tourmente et autres poèmes (La bufera e altro) de Eugenio Montale. Il aide les jeunes écrivains d', comme Alberto Arbasino, Edoardo Sanguineti et Alfredo Giuliani , qui émergeront ensuite en tant que membres du Gruppo 63.

Il se fait de nouveaux amis, dont Laura Betti, Adriana Asti, Enzo Siciliano et Ottiero Ottieri.

Inspiré par les évènements politiques et idéologiques du moment (dont le XXe congrès du Parti communiste de l'Union soviétique, qui signale la fin de l'ère stalinienne, mettant en évidence les évènements en Pologne et en Hongrie), 1956 est l'année de la version définitive du livre (Les Cendres de Gramsci) et voit la première ébauche du roman (Une vie violente).

Le manuscrit Les Cendres de Gramsci, composé de onze courts poèmes écrits entre 1951 et 1956, est envoyé aux éditions Garzanti en août 1957. Cette œuvre suscite, tout comme Les , une forte critique mais reste populaire auprès du public, qui épuise la première édition en 15 jours. À la fin du mois, il remporte le Prix Viareggio 1957, à égalité avec de Sandro Penna.



Pasolini collabore à (Voies neuves) en juillet 1957 en tant qu'invité spécial et va au Festival de la jeunesse à Moscou, tandis que la maison d'édition Longanesi publie les vers de (Le rossignol de l'Église catholique. Il travaille beaucoup sur Une vie violente, il écrit son premier scénario sans collaboration, , et collabore avec Bolognini sur .

Il termine d'écrire Une vie violente en décembre 1958 et la donne à Garzanti en mars 1959. Après un long travail d'autocensure rendu nécessaire surtout à cause d'une partie considérée « dangereuse » par l'éditeur, le livre sort en mai 1959. Bien qu'étant sélectionné, il n'obtient ni le prix Viareggio ni le prix Strega. Toutefois, étant apprécié et estimé par écrivains et poètes, il obtient le prix Crotone d'un jury composé d'Ungaretti, Debenedetti, Moravia, Gadda et Bassani.

Pendant l'été 1959, il fait un voyage tout au long des côtes italiennes pour un reportage pour le mensuel  (Succès) ; il y écrit trois chapitres de ce qui devient (La longue route de sable). Il traduit l'Orestie d'Eschyle pour la compagnie de théâtre de Vittorio Gassman et réarrange les vers de (La religion de mon temps).

C'est alors que l'Azione Cattolica l'attaque en justice pour « obscénité » à propos de son roman Une vie violente, procès qui sera rapidement classé sans suite.


Son premier film : Accattone

En 1960, Pasolini commence à écrire les premiers brouillons du livre d'essais Passione e ideologia , arrange les vers de , et surtout, se dédie à son amour pour le cinéma en écrivant les scénarios de Ça s'est passé à Rome de Bolognini, de Gianni Puccini, de Florestano Vancini (d'après le roman de Bassani), et Le Bel Antonio, du roman de Vitaliano Brancati.

Il a en tête le projet d'écrire un film qui serait appelé , mais les événements de ce mois de juillet concernant la chute du gouvernement Tambroni lui font mettre ce projet de côté pour travailler sur Accattone.

Son ami Bolognini lui trouve un producteur, Alfredo Bini, auquel Pier Paolo explique comment il veut que le film soit tourné : avec beaucoup de premiers plans, la prédominance des personnages sur les paysages et, surtout, une grande simplicité. Le protagoniste sera Franco Citti, frère de Sergio. Federico Fellini, pour lequel il avait écrit une scène de La dolce vita, l'aide à tourner deux séquences du film.

Le 30 juin de la même année, Pasolini est attaqué en justice par la police pour complicité dans un crime. Il aurait pris deux jeunes de Trastevere en voiture après une bagarre à laquelle ces jeunes auraient pris part. Il est acquitté, mais l'acharnement de la part d'autrui à l'attaquer ainsi lui laisse un goût amer :
« C'est de la méchanceté ; celui qui s'en trouve frappé est pris d'une profonde douleur ; cela lui donne l'impression d'un monde totalement incompréhensible où il est inutile de parler, de se passionner, de discuter ; cela lui donne l'impression d'une société où, pour survivre, on ne peut que devenir méchant, répondre à la méchanceté par de la méchanceté… Certes, ce que je dois payer est particulièrement lourd, parfois je me trouve désespéré, je vous le dis sincèrement ».

Toujours en 1960, deux volumes de ses vers sont publiés : et . Avant le nouvel an 1961, il voyage en Inde avec Moravia et Elsa Morante, voyage dont il tire une série d'articles pour le journal Il Giorno, et qui forme pour partie son livre L’odeur de l'Inde. En mai est publié le recueil , très prisé de son ami Franco Fortini, qui lui écrit : « Je voudrais que tu sois là pour pouvoir te serrer dans mes bras ».

Le tournage d'Accattone commence au mois d'avril et le film est présenté à la Mostra de Venise en septembre. Il n'est pas particulièrement apprécié par la critique italienne, mais reçoit des éloges à Paris, notamment de Marcel Carné et André Chamson.

Ses meilleurs films

La Dolce vita (1960)
(Ecrivain)
Les Nuits de Cabiria (1957)
(Co-écrivain)
Les Mille et Une Nuits (1974)
(Réalisateur)
Les Contes de Canterbury (1972)
(Acteur)
La Fille du fleuve (1954)
(Concepteur de dialogues)

Le plus souvent avec

Sergio Citti
Sergio Citti
(19 films)
Nino Baragli
Nino Baragli
(27 films)
Ninetto Davoli
Ninetto Davoli
(18 films)
Source : Wikidata

Filmographie de Pier Paolo Pasolini (47 films)

Afficher la filmographie sous forme détaillée
AnnéeNomMétierRôle
1997Le Bassin de J. W.Ecrivain
1996We Free KingsScénariste
1995Pasolini, mort d'un poèteActeur
1980Io sono Anna MagnaniActeurLui-même
1976Salò ou les 120 Journées de SodomeRéalisateur, Ecrivain, Son
1975Carnet de notes pour une Orestie africaineActeur, Réalisateur, Ecrivain, Monteur
1974Les Mille et Une NuitsRéalisateur, Ecrivain
1973Histoires scélératesHistoire
197212 décembreRéalisateur, Trouveur d'idée
1972Les Contes de CanterburyActeur, Réalisateur, Auteur, Geoffrey Chaucer
1971Le DécaméronActeur, Réalisateur, Ecrivain
1970MédéeRéalisateur, Ecrivain, Son
1970OstiaHistoire, Superviseur du directeur technique
1969La ContestationRéalisateur, Ecrivain
1969PorcherieRéalisateur, Ecrivain
1968Notes pour un film sur l'IndeActeur, Réalisateur, EcrivainLui-même
1968Caprice à l'italienneRéalisateur, Ecrivain
1968ThéorèmeRéalisateur, Auteur
1967Œdipe roiActeur, Réalisateur, Ecrivain, SonLe grand prêtre
1967Les SorcièresRéalisateur, Histoire
1967Repos - Tue et fais ta prièreActeur, ScénaristePère Juan
1967Les SorcièresRéalisateur, Histoire
1966Des oiseaux, petits et grandsRéalisateur, Histoire
1965L'Évangile selon saint MatthieuRéalisateur, Ecrivain
1965Repérage en Palestine pour « L'Évangile selon saint Matthieu »Acteur, Réalisateur, Ecrivain, Son
1965Enquête sur la sexualitéActeur, Réalisateur, EcrivainLui-même
1963La RageActeur, Réalisateur, Ecrivain, Monteur
1963RoGoPaGRéalisateur, Ecrivain
1962Les RecruesHistoire
1962Mamma RomaRéalisateur, Histoire
1962Une vie violenteCréateur de nouvelle
1961La Fille dans la vitrineEcrivain
1961AccatoneRéalisateur, Histoire
1960La Dolce vitaEcrivain
1960Le Bel AntonioScénariste
1960Il carro armato dell'8 settembreScénariste
1960La Longue Nuit de 43Scénariste
1960Le Bossu de RomeActeurMonco
1960Ça s'est passé à RomeScénariste
1960Morte di un amicoHistoire
1959Les GarçonsCréateur de nouvelle
1958Les Jeunes MarisEcrivain
1957Les Nuits de CabiriaCo-écrivain
1957Marisa la coquetteHistoire
1955Il prigioniero della montagnaEcrivain
1954La Fille du fleuveConcepteur de dialogues
-Porno-Théo-KolossalRéalisateur